Vitre 1, Flo 0
On souhaitait une fin en apothéose pour cette dernière de la saison.
Une saison qui fût difficile et compliquée avec toutes ces blessures : Eric et son épaule, Nico et son dos, Titi et son ménisque, Yo et son mollet, Jeff et sa cuisse, moi et mon coude, Loïc et son épaule, son dos, ses tendons d’Achille, son mollet, son tibia, sa quéquette…bref, il se dégage comme une odeur de sapin vermoulu dans tout ça…seuls Phil et Flo s’en sortent a peu près…enfin, jusqu’à hier soir…
Hier soir, c’était le derby, version 2, saison 2017/2018. On restait sur notre belle prestation du match aller, remporté dans le dur mais brillamment 4/0. On avait la ferme intention de réitérer la performance.
Boulie, Yo et Nico étaient venus faire les pom-pom girl, la pompe à bière était tendue comme un string, toutes les conditions étaient réunies pour une belle victoire.
On démarre par les 4, notre Jefouille contre le vaillant Martin.
Des styles de jeu opposés. Le début de match est un peu brouillon, avec beaucoup de déchets de part et d’autre. Les échanges ne durent pas tant les fautes sont nombreuses. Jeff tire son épingle du jeu en remportant le 1er. Puis Martin règle la mire et allonge ses coups sur le revers du gaucher. Il prend les 2 jeux suivant. Jeff, au prix d’un gros effort sur les derniers points, revient à 2 partout, mais il grille une bonne partie du gasoil et reprend le 5 sur la réserve. Martin est super propre et il prend le match 3/2. Ça promet encore une rencontre serrée.
On enchaîne sur les 1, Flo contre Loïc.
Flo est bien en ce moment, le haut rebond lui convient. Il démarre comme une balle, claque à droite, à gauche, sort quelques murs inversés au bon moment. Ça va trop vite pour le suisse. Le verdict est sans appel 11/4.
Le second jeu reprend sur le même rythme. Flo s’envole, il vole même, jusqu’à se fracasser le nez sur la vitre en voulant aller cherche une balle derrière.
C’est quand j’ai vu le visage horrifié de Loïc que j’ai compris que c’était sérieux. Flo était assis contre la vitre, blanc comme un cul, une excroissance avait poussé sur le haut de son épaule droite et la douleur lui cinglait le visage. Direction les urgences. On apprendra un peu plus tard qu’il s’agit d’une DAC (disjonction acromio-claviculaire) de stade 3-4, une broutille quoi…broutille qui pourrait nécessiter un coup de bistouri.
On t’embrasse mon lapin, on espère que ça va aller vite et que tu reviendras encore plus fort.
Je fais le 3 contre Sergio.
Un peu dans la brume, avec des frissons qui parcourent encore ma colonne dans la vue de cette touche de piano sur l’épaule de Flo m’a fait effet.
Contre mon Serge, c’est toujours une bataille acharnée. A 2 jeux 0 pour moi, je me dis que ça pourrait se terminer plus vite qu’à l’habitude. Je ne suis pas cramé, je sens bien mes coups, je suis lucide.
Et tout s’inverse, je puise, fais des mauvais choix à des moments importants et je m’embarque sur quelques longs rallies que finissent par me griller.
J’ai une balle de match à 10/9 dans le 5ième mais papa Serge a fait son méchant et n’a pas voulu me la donner, il gagne le jeu 12/10 et le match. Je sors rincé.
Phil en 4 contre Mathias.
La rencontre est pliée mais on se doit de terminer proprement, pour l’honneur.
C’est à Phil que revient la charge d’endosser cette lourde responsabilité.
Il essaie de finir les points vite car il sait que moins ça dure, mieux c’est. Mais cela nécessite d’être très propre.
Ça ne fonctionne pas. Mathias prend le 1er. Et puis Phil se met à jouer son jeu qu’il aime tant, variant coups longs et courts, jouant dans le contre-pied, et la balle se met à aller là où il veut.
Il écrase la partie et son adversaire en s’adjugeant tranquillement les 3 jeux suivant.
Défaite 3/1, on termine dans le ventre mou de la poule, à la 4ième place. C’est nippon ni mauvais. On est à notre place.
On finit autour d’un gros steak et d’une bonne rasade de frites, en débitant nos conneries habituelles, dans la bonne humeur avec une forte pensée pour Flo.
Il est temps de panser nos blessures, et de partir en vacances. Espérons que la saison prochaine sera de meilleure augure.
Philou
Le mot du capitaine :
Cela fait quelques mois déjà que ça me trotte dans la tête. Je souhaitais en parler hier soir mais les circonstances ne m’ont pas permis de le faire. Donc je préfère vous l’écrire.
J’ai pris un plaisir immense à être le capitaine de cette équipe de Center 7, depuis 2012 si je me souviens bien (on jouait même pour Time à Center à cette époque). On a subi quelques grosses défaites, mais on a eu tellement de belles victoires et d’émotions.
Center 7, c’est un esprit de corps et d’équipe, pas de prise de tête, le sens du devoir et du sacrifice, un cœur énorme et une bonne tenue au houblon.
Je souhaite prendre un peu de recul par rapport à tout ça, moins m’investir et prendre du temps pour moi. Vous l’avez compris mes amis, je cesse mon capitanat et laisse la place à celui qui voudra bien la prendre, en priant pour qu’il y en ait un.
Je redeviens un simple joueur, qui continuera bien sûr à jouer tant le squash est une passion pour moi. Je mets ma raquette et mon cœur au service de Center 7, et je serais son premier soldat.
Voilà les potos, ne m’en voulez pas, je sais que c’est un peu brutal mais c’est ma décision, c’est la vie, et la vie continue c’est bien connu.
Bien à vous.